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La pénurie du calme – L’excessive Istanbul

 Cette ville nous noie, petit à petit, dans un vacarme pénible et éreintant. Istanbul, entière, suinte le bruit, le trafic, la masse,…le bordel. Un bordel quotidien qui semble exotique les premiers temps, mais qui, a force, lasse et exaspère. Ou plutôt énerve.

Le mouvement est partout, rapide, massif et intrusif. J’appréhende toute les occasions de sortir entre midi et 18h. Car je sais pertinemment bien que chaque déplacement me prends plus d’une heure. Bus, métro, tramway, dolmush, funiculaire, taxi, métrobus, les moyens ne manquent pas, c’est vrai. Mais quand chaque déplacement te fait prendre une fois le bus, puis deux stations a métro, puis le funiculaire pour finir dans un tramway, c’est fatiguant. Le manque d’organisation est fatiguant. Il est humainement impossible d’arriver à l’heure à un quelconque rendez-vous.

Le bus est certainement le pire. Entre les arrêts tous les 100m, les méga-carrefours tous les 200m et les feux rouges tous les 300m, un seul petit kilomètre parait une éternité. Rajoutez à cela les piétons traversants n’importe où et les discussions entre passants et conducteurs en plein milieu de la route, vous finirez, comme moi, à maudire chaque vieille femme trop hésitante à sortir du bus.

Les Iles  »Quiétudes »

Mais on peut tout trouver à Istanbul. Le calme à un prix, et ici, il se nomme  »Iles aux Princes ». Ces îles seront mes sirènes, une tentation à laquelle je succomberai aisément. Quatre îles perdues au beau milieu de la mer de Marmara, accessibles à (seulement) 1h30 en ferry. L’ultime luxe? Les voitures y sont interdites! On y trouve seulement quelques bateaux de plaisanciers, des calèches et … des vélos.

Entre les manoirs en bois couverts de fleurs, bordants les rues et les bruits résonnants des sabots sur les pavés, cet havre de quiétude rassure. On se trouve directement propulsé 70 ans en arrière, à gambader en vélo, à la recherche de la plage parfaite où poser ses pieds et se baigner tranquillement. Le rendez-vous a été pris, et cet ainsi que nous nous sommes retrouvés à onze, fugueurs d’un jour, a profiter des biens faits de Buyuk Ada et ses sœurs.

On rêvait de l’eau depuis longtemps, exaspérés de vivre le long d’une mer-détroit ou la baignade est impossible. On en rêvait, et on l’a eue.

C’est pour toutes ces raisons que ces îles sont incontournables lorsqu’on se rend à Istanbul. Au plus loin des échos de la ville on se trouve, au mieux on peut apprécier la Turquie, et, paradoxalement, notre retour dans ce monstre de désorganisation, ce foutoir permanent. Cette excessivité, en fait, qui rend Istanbul fascinante et détestable.

Jonas Mossiat

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