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Bethléem, une étoile y est née mais d’autres y sont mortes

Les premiers pas en Palestine se font souvent par le bus 21, reliant la vieille ville de Jérusalem à Bethléem. Un court voyage (10km), qui nous plonge rapidement dans l’ambiance du pays. Le bus est envahit de rouge, noir et blanc, les couleurs des keffiehs que les hommes portent fièrement. Une envolée de voiles et de tissus vers ce qu’ils nomment leurs territoires occupés. Le bus 21 est également le moyen de transport qu’utilisent les touristes pour visiter Bethléem. Un bus, qui, étonnamment, ne traverse aucun check-point isréalien. Car en apparence,  »tout est beau ».

House of Peace est l’auberge dans laquelle nous avons séjournés et que je recommande aisément. Un joli couple d’une bonne septantaine d’année, bons anglophones, offre le logis aux pélerins, visiteurs d’un jour ou plus. Chrétiens tous les deux, jusqu’au bout des ongles, ils ne tarissent pas de conseils bibliques et religieux, entre deux tasses d’un thé  »Sofia ». « Vous êtes comme mes enfants ici » commence la femme, avant de nous montrer, heureuse, l’ensemble de ses photos de famille et des mariages de ses enfants. De quoi mettre à l’aise dans cette immense bâtisse au coeur de Bethléem. Tout respire la piété, peut-être même poussé à l’extrême. Le vieillard ne craint pas, devant ses shows chrétiens-américains criards et hyper-butés à la télévision, de proclamer sincéremment:  »Si Dieu décidait d’arrêter de donner de l’air, nous mourrions tous après 2 minutes ». Difficile alors d’expliquer nos propres croyances sans les offusquer au plus profond de leur foi.

Une Eglise comme un foyer, receuil des prières du monde entier

La communauté chrétienne est relativement bien représentée parmis les palestiniens de Bethléem. L’Eglise de la nativité, qui a vu naître l’enfant Jésus, y est certainement pour quelque chose. La cité se prépare a accueillir le flôt des touristes religieux qui viendront célébrer la naissance du Christ. Au sommet du village, résonne déjà les chants de noël, flottent les guirlandes de lumières et sur le grand sapin, petit à petit, la municipilaté y hisse l’étoile bleue. Sur les pierres blanches ou plutôt ocres de la région, contrastent le rouge et le jaune des luminaires. Même la mosquée, voisine bruyante de l’Eglise, semble s’incliner face aux fastes de Noël. La mélondie guillerette de  »Merry Christmas » se fond dans les appels à la prière dans un cocktail irréaliste mais serein.

On rentre dans l’Eglise de la nativité par une minuscule porte, taillée pour des nains, ou tout simplement pour des enfants. Ce qui interpelle, mais qui se justifie le plus, c’est l’humilité des bâtiments. Un toit en bois surplombe une salle vide, sans peinture, ni chaise, d’où pendent quelques verres soufflés et lumières. Le Choeur est décoré pareillement, avec des peintures en plus. Une Eglise banale si elle ne contenait pas, dans ses caves, le lieu saint où Marie enfanta. La file est longue pour descendre ces étroits escaliers de pierre, les flash résonnent et les guides, israéliens, s’impatientent de répéter, sans cesse, leurs même discours. Une petite pièce d’une vingtaine de mètres carrés où s’entassent les pélerins, s’imaginant, presque 2012 années auparavant, assister à la naissance de l’enfant Jésus. Maintenant, deux petites alcoves, taillées dans la roche, représentent l’endroit de l’accouchement et l’endroit où le bébé a grandi durant ses premiers jours. Le tout illuminé aux bougies, pour rappeller, peut-être, quelle étoile est apparue ici.

C’est en sortant que nous rencontrons Youssef, professeur de secondaire au collège de Bethléem, et à ses heures perdues, guide et taximan,  »car il le faut bien ». C’est lui-même qui nous explique la tragédie de l’Eglise de la nativité. Durant la seconde intifida, en 2002, et l’incursion israélienne en territoire palestinien, bon nombre des villageois avaient jugés bon de ce réfugier dans l’Eglise. Bonne idée, si l’on ne compte pas sur la patience des israéliens. Ceux-ci se ont donc installé des postes filmés devant l’entrée, attendant la sortie inévitable des habitants. C’est au bout de plusieurs jours que les soldats israéliens ont commencé à évacuer les gens par la force, en tuant au coeur même de l’Eglise.

« Même le pape et le Vatican ne savent protéger leurs lieux saints face à la violence gratuites des israéliens« , déclare Youssef.

J.Mossiat

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